mercredi 27 décembre 2017

Oshougatsu Omedetou

Au Japon, le passage de la Nouvelle Année s'appelle Oshougatsu お正月.
Il s'accompagne de multiples célébrations appelant la chance, la prospérité et la santé pour l'année à venir.

Cet ouvrage comporte de nombreux motifs typiques du Nouvel An au Japon.


Ce curieux personnage nommé Yakkodako est en fait un cerf-volant. A l'époque Genroku (1688-1704), un Yakko était le rang le plus bas que puisse avoir un serviteur sans cheval. On pratiquait alors une danse appelée Yakko-odori. Le cerf-volant, évoluant avec légèreté dans le vent, se moque de l'arrogance de ce serviteur. Au Nouvel An, on utilise de petits cerfs-volants miniatures décorés de ce personnage burlesque.


Le maillet magique de Daikoku délivre une pluie d'or et de bienfaits à chaque coup frappé.
Ce symbole porte-bonheur est très fréquent quelle que soit la période de l'année.
La broderie de ce maillet utilise la technique Masu-nui 升ぬい qui crée cet effet en trois dimensions.


La toupie est également un jouet traditionnel japonais. Elle est en bois tourné, avec une ficelle enroulée que l'on tire d'un coup sec pour la projeter. 


Elle s'appelle Koma 独楽Eh oui, comme les komas utilisées pour coucher les fils d'or !


Voici deux exemplaires de Hagoita 羽子板. Ce sont des raquettes en bois grâce auxquelles on jouait au jeu de Hanetsuki lors des fêtes du Nouvel An. Un peu comme du badmington.
Aujourd'hui, elles servent surtout de décorations porte-bonheur, sous forme de bois peint, laqué, ou couvert de Chirimen Oshie ou de broderies.

Kasukabe Oshie Hagoita de la préfecture de Saitama

Celle de droite comporte les Trois Amis de l'Hiver, Sho-chiku-bai 松竹梅, qui sont le prunier, le bambou et le pin. Ces trois éléments sont typiques du Nouvel An et annoncent bonheur et chance à celui qui les reçoit en cadeau.


Celle de gauche montre deux techniques décoratives de broderie japonaise.
En bleu, le motif Asanoha 麻の葉 ou Feuille de lin, est typique des décorations porte-bonheur pour les enfants. En effet, la feuille de lin a une croissance robuste et l'on ne peut que souhaiter une telle robustesse aux enfants nouveaux-nés.
En rouge, le motif Hitta-gake  ひった掛け imite l'effet du tissu Shibori, technique de teinture de la soie par ligature.
Shibori
Ce motif traditionnel est également appelé Kanoko Shibori car ces petits points rapellent le pelage tâcheté des daims, animal sacré notamment dans la religion Shinto.


Voici le "volant" utilisé pour jouer au jeu de Hanetsuki avec les Hagoita. Il est toujours agrémenté de plumes très colorées. On dit que plus longtemps le volant reste en l'air, plus grande sera la protection accordée contre les moustiques tout au long de l'année à venir (*^_^*).


Voici le Shishigashira qui signifie Crinière de Lion. Lors du Nouvel An, on enfile un costume de lion et l'on danse la Danse du Lion ou Shishimai. La crinière est abondamment fournie et le costume en soie verte ornée de dessins blancs.
Par curiosité, voici une petite vidéo de Shishimai traditionnelle :



Le dernier motif de cet ouvrage est un Ema, petite plaque en bois votive, où l'on écrit des voeux ou des prières, et que l'on accroche dans les temples japonais.

J. Cobbi
Notre Ema brodé comporte deux techniques décoratives :


En bleu clair, la technique Mushiro-nui むしろぬい qui imite l'effet tissage d'un panier en bambou.
En orange, la technique Maintien en Treillage ou Goban-osae ごばん押え qui rappelle les clôtures traditionnelles également en bambou.

Kadomatsu

Pour continuer l'esprit de fête du Nouvel An Japonais, voici une petite brochure d'agence de voyage permettant d'explorer toutes les festivités japonaises. Vous y retrouverez tous les symboles décrits dans l'article. Bonne lecture !

Pour terminer, je vous souhaite à tous une très belle année 2018 pleine de magnifiques broderies (*^_^*).







vendredi 15 décembre 2017

Au Coeur de Soie en Décembre

Au Coeur de Soie voit en décembre se clôturer sa première année d'enseignement du Nuido, la broderie japonaise traditionnelle.

Mes dernières élèves se sont prêtées au jeu des photos d'ouvrages en cours, et je les félicite toutes pour leur persévérance et la qualité de leur travail !!

Phase I - Mile High Shochikubai
Phase combinée II et III - Sensu
Départ des cordes sur la Phase V - Himotaba

Ouvrage d'initiation en cours

Initiation"Manches de Kimono" brodé et encadré par Colette

La broderie c'est renversant (*^_^*)
Phase I - Bouquet from the Heart of Japan par Souheila


L'ingéniosité des élèves ne cesse de m'épater ! Diep a conçu un superbe sac matelassé pour transporter tous ses fils de soie !


Le dernier cours de décembre a été l'occasion d'inaugurer la nouvelle disposition de la salle de cours, avec plus de place et la possibilité d'admirer les ouvrages encadrés au mur.

Au Coeur de Soie vous souhaite à tous de joyeuses fêtes de fin d'année !



dimanche 27 août 2017

Phase combinée Tagasode


La nouvelle phase du JEC intitulée Tagasode combine les phases 5 et 6.
La phase 5 se concentre sur les cordes, alors que la phase 6 approfondit les grands fonds brodés.


Cette première technique de corde, ou tresse, s'appelle le Simple Motif Central.
En japonais : nakayuwae-nui 中結えぬい
On peut également admirer la qualité de la pose de feuille d'or sur la largeur haute de l'ouvrage : en effet, la pose de feuille d'or est disponible en supplément dans cette phase.


Les grandes tresses verticales étudient la technique Double Motif Central, ou yotsugumi-nui, 四つ組ぬい
Cette technique demande beaucoup de préparation, il faut surligner le contour de la corde avec un fil d'or, et rajouter du bourrage sur toute la longueur du centre. Mais l'effet final en trois dimensions est saisissant !




Cette troisième technique de corde s'appelle la Tresse en Osier, ajirokumi-nui あじろ組ぬい
Plus légère, elle est idéale en arrière-plan.


Broder toutes ces cordes a demandé la préparation de nombreux fils torsadés !!


Cette phase permet également de travailler ce qu'on appelle les "fondations" : des portions de l'ouvrage de plus ou moins grande dimension sont "coloriées" avec des fils plats ou torsadés. 


Si rien n'est brodé sur cette partie coloriée, il faut protéger cette fondation en y apposant un maintien de petits fils presque invisibles. N'oublions pas que les kimonos ou obis brodés étaient destinés à être portés, la broderie doit donc être suffisamment résistante.


Une partie de ces fondations est remplacée par la pose d'un appliqué en tissu de shibori. Les contours de cet appliqué sont recouverts par la pose d'un Katayori, encore un type de fil que l'on apprend à fabriquer soi-même, et qui donne ce ravissant effet perlé.


La délicatesse de l'ouvrage est rehaussée par de petites touches de pose de fil d'or.
Ce style est issu des kimonos ornés de peinture Yûzen. Seuls quelques éléments étaient brodés de soie ou rehaussés de fil d'or. Broder tout le kimono aurait en effet coûté bien trop cher !
Ainsi, l'impression et la colorisation des motifs internes en couleur, par le JEC, imite cette technique de peinture Yûzen.
 

L'ouvrage final représente des Michinaga : ce sont ces espèces de nuages. Ils symbolisent le chemin de la vie.
Michinaga 道長 signifie en effet le long chemin. C'était également le nom d'un dirigeant de l'époque Heian qui appréciait particulièrement les motifs comportant de nombreuses couches.
On aperçoit dans le bas du Tagasode des Iris, symbolisant le sabre du Samouraï et donc la voie du guerrier. Ce kimono est sans doute porté par la femme du samouraï attendant le retour de son époux.


Le motif central représente un Chariot impérial avec des Chrysanthèmes.
Les deux roues symbolisent le couple, tandis que les fleurs de chrysanthèmes rappellent leurs enfants ou leur famille.
Enfin, les feuilles de trèfles tout en haut inspirent la patience.
Quant aux cordes, elles représentent le lien entre les êtres humains, déambulant sur le long chemin de la vie, et la nature.

Comme toujours dans les ouvrages de broderie japonaise, la symbolique est très forte et présente !

Un dernier mot sur les Tagasode : les Tagasode sont des kimonos suspendus, traditionnellement drapés par-dessus un "valet" (ikô-zu) de bois noir doré ou laqué. De nombreux paravents anciens représentent des Tagasode permettant d'exposer les infinies variations de motifs des kimonos et donc la richesse de la collection de leurs heureux propriétaires !
Le fait de ne représenter que des vêtements et aucun être humain invite le spectateur à imaginer la provenance de ces kimonos, d'où le titre qui leur est généralement attribué: "Whose sleeves ?" (également le titre d'un célèbre poème).

Tagasode "Whose sleeves ?" - Ere Momoyama - Collection H.O. Havemeyer









mercredi 5 juillet 2017

Yushoku Summer



Yushoku Summer, 愉色夏,  signifie un été réjouissant, à l'expression joyeuse.
C'est le thème de la phase 11 proposée par le JEC. Elle réunit de nombreuses fleurs propres aux thématiques de l'été japonais comme les campanules, les valérianes, les fleurs de trèfle.... Le choix des couleurs est très important et doit refléter la fraîcheur avec les tons bleu et vert, contrastant avec l'or et l'orange de la chaleur de l'été.
Cet oeuvre est brodée sur du Ro, une soie de kimono fine et ajourée, utilisée pour laisser passer l'air l'été. Les lignes verticales formant des trous dans la soie sont créées en tressant des paires de fils par-dessus un fil de trame central.

mercredi 28 juin 2017

L' Espace MA


Je me suis rendue ce mois-ci à Paris à l'Espace Ma, dans le cadre d'un atelier de création de Temari, dont je vous reparlerai plus longuement dans un article ultérieur.

Au coeur de Paris, l'Espace Ma se veut un "lieu de création, d'échange et de rencontre entre artisans, artistes, et le grand public".
Très aéré, lumineux et verdoyant, il dispose de plusieurs espaces non cloisonnés et interdépendants, permettant tout à la fois d'exposer des oeuvres d'artistes japonais (la plupart disponibles à la vente), de profiter d'un petit salon de thé, d'organiser des ateliers destinés aussi bien à la famille qu'aux créatifs plus aguerris, ou des ateliers autour de la détente comme le yoga.

Atelier de Temari avec l'énergique Naho de Temaricious
Grand espace d'exposition, très zen !!
Vous pouvez apercevoir, dans cette partie de l'exposition des oeuvres très variées autour de la céramique, du papier, du bois... Toutes les oeuvres sont soigneusement mises en valeur et accompagnées d'une courte description.

La démarche originale de l'Espace Ma est de soutenir chaque année des artisans d'une certaine région du Japon, pas forcément connue, pour préserver et promouvoir leur savoir-faire au monde entier. Ils travaillent en ce sens avec l'ONG Peace Winds Japan.
En 2015, ils ont pu soutenir des artisans venant du Tohoku, gravement sinistré par le tsunami.
Cette année, ils ont choisi de promouvoir l'artisanat de la région de Saga, au sud de Fukuoka.




Jacquard Saga Nishiki

Le Nishiki de Saga utilise comme fil de chaîne du papier washi recouvert d'or, d'argent ou de laque. La trame est en fils de soie teints dans une grande gamme de couleurs. Cette technique développée à l'époque d'Edo est aujourd'hui défendue par les tisserandes du Conseil pour le Développement du Saga Nishiki.


Ce magnifique tissu est associé au travail d'ébénisterie de HIROMATSU Toshihiko de l'atelier Asuka. Des lanières de cuir entoilées de washi sont teintes à l'indigo par ASAI Naoyuki, un troisième artiste.


L'ensemble de cette collection porte le nom d'"Ondes".


Détail du métier utilisé pour tisser le Saga Nishiki.


On distingue dans le fil de chaîne le papier washi moucheté d'or.


J'ai craqué pour ces adorables figurines du zodiaque, et les enfants aussi !





Le thème de l'exposition s'articule autour du conte de URASHIMA Tarô, où la tortue y a une place de premier ordre ! Celle-ci est trop mignonne (*^_^*)


Ces pièces de bois assemblées intitulées "Roulis", et réalisées également par HIROMATSU Toshihiko, évoquent l'équilibre fragile de l'oscillation des ailes du papillon, et par-delà, du yin et du yang.


Les superbes boîtes qui suivent ont été créées par SOEJIMA Tarô, de la Maison Soejima Garasu Kôgyô, verrerie centenaire de Saga.


Cette série de boîtes à trois couches représentent les quatre saisons, le mystère du cycle de la vie, le temps qui s'en va et se renouvelle inlassablement. Ce sont les "Boîtes-Monde".


Un grand merci à l'Espace Ma pour m'avoir permise de découvrir ces oeuvres exceptionnelles.
Grâce à eux, j'ai pris conscience de l'extraordinaire variété et de la richesse des savoir-faire des artistes et artisans japonais. Je suivrai avec attention la promotion de ce patrimoine méconnu et inestimable.

Il reste encore bien d'autres oeuvres dont je n'ai pu faire la description ici, alors n'hésitez pas et foncez les admirer !

120 avenue Gambetta à Paris 20e