dimanche 27 août 2017

Phase combinée Tagasode


La nouvelle phase du JEC intitulée Tagasode combine les phases 5 et 6.
La phase 5 se concentre sur les cordes, alors que la phase 6 approfondit les grands fonds brodés.


Cette première technique de corde, ou tresse, s'appelle le Simple Motif Central.
En japonais : nakayuwae-nui 中結えぬい
On peut également admirer la qualité de la pose de feuille d'or sur la largeur haute de l'ouvrage : en effet, la pose de feuille d'or est disponible en supplément dans cette phase.


Les grandes tresses verticales étudient la technique Double Motif Central, ou yotsugumi-nui, 四つ組ぬい
Cette technique demande beaucoup de préparation, il faut surligner le contour de la corde avec un fil d'or, et rajouter du bourrage sur toute la longueur du centre. Mais l'effet final en trois dimensions est saisissant !




Cette troisième technique de corde s'appelle la Tresse en Osier, ajirokumi-nui あじろ組ぬい
Plus légère, elle est idéale en arrière-plan.


Broder toutes ces cordes a demandé la préparation de nombreux fils torsadés !!


Cette phase permet également de travailler ce qu'on appelle les "fondations" : des portions de l'ouvrage de plus ou moins grande dimension sont "coloriées" avec des fils plats ou torsadés. 


Si rien n'est brodé sur cette partie coloriée, il faut protéger cette fondation en y apposant un maintien de petits fils presque invisibles. N'oublions pas que les kimonos ou obis brodés étaient destinés à être portés, la broderie doit donc être suffisamment résistante.


Une partie de ces fondations est remplacée par la pose d'un appliqué en tissu de shibori. Les contours de cet appliqué sont recouverts par la pose d'un Katayori, encore un type de fil que l'on apprend à fabriquer soi-même, et qui donne ce ravissant effet perlé.


La délicatesse de l'ouvrage est rehaussée par de petites touches de pose de fil d'or.
Ce style est issu des kimonos ornés de peinture Yûzen. Seuls quelques éléments étaient brodés de soie ou rehaussés de fil d'or. Broder tout le kimono aurait en effet coûté bien trop cher !
Ainsi, l'impression et la colorisation des motifs internes en couleur, par le JEC, imite cette technique de peinture Yûzen.
 

L'ouvrage final représente des Michinaga : ce sont ces espèces de nuages. Ils symbolisent le chemin de la vie.
Michinaga 道長 signifie en effet le long chemin. C'était également le nom d'un dirigeant de l'époque Heian qui appréciait particulièrement les motifs comportant de nombreuses couches.
On aperçoit dans le bas du Tagasode des Iris, symbolisant le sabre du Samouraï et donc la voie du guerrier. Ce kimono est sans doute porté par la femme du samouraï attendant le retour de son époux.


Le motif central représente un Chariot impérial avec des Chrysanthèmes.
Les deux roues symbolisent le couple, tandis que les fleurs de chrysanthèmes rappellent leurs enfants ou leur famille.
Enfin, les feuilles de trèfles tout en haut inspirent la patience.
Quant aux cordes, elles représentent le lien entre les êtres humains, déambulant sur le long chemin de la vie, et la nature.

Comme toujours dans les ouvrages de broderie japonaise, la symbolique est très forte et présente !

Un dernier mot sur les Tagasode : les Tagasode sont des kimonos suspendus, traditionnellement drapés par-dessus un "valet" (ikô-zu) de bois noir doré ou laqué. De nombreux paravents anciens représentent des Tagasode permettant d'exposer les infinies variations de motifs des kimonos et donc la richesse de la collection de leurs heureux propriétaires !
Le fait de ne représenter que des vêtements et aucun être humain invite le spectateur à imaginer la provenance de ces kimonos, d'où le titre qui leur est généralement attribué: "Whose sleeves ?" (également le titre d'un célèbre poème).

Tagasode "Whose sleeves ?" - Ere Momoyama - Collection H.O. Havemeyer